Bibliothèques & liberté d’expression : Pierresvives ouvre le débat avec ses lecteurs

Aujourd’hui mercredi 18 février 2015, votre médiathèque pierresvives est transformée : vous n’y trouverez que quelques documents. Nous avons imaginé à quoi elle pourrait ressembler si l’expression n’était plus libre, si nous ne pouvions plus vous présenter tous les journaux, toutes les bandes dessinées. Si les vidéos et DVD étaient absents de nos bacs parce qu’ils parlent de liberté, des cultures différentes de par le monde, de diversité, … Nous n’aimerions pas travailler dans ce contexte. Et vous ? Aimeriez-vous cette médiathèque ? Dès demain, retrouvez le fonctionnement normal de la médiathèque.

C’est pas ce texte que la  médiathèque départementale Pierresvives  à Montpellier annonçait sa « journée de la censure ».

Dès l’ouverture, les usagers ont eu la surprise de découvrir une infrastructure… vide. Les livres, les bandes dessinées, les journaux, les DVD et les jeux vidéo avaient quasiment tous été retirés des rayons, ou bâchés et interdits d’accès. Des 30.000 documents habituellement accessibles, il n’en restait qu’une petite dizaine… Dans une période où l’on évoque souvent la liberté d’expression, et six semaines après les tragiques événements à Charlie Hebdo, l’équipe de la médiathèque a constaté qu’il n’était «pas facile d’échanger sur ce sujet avec les publics».

Pour provoquer le débat, elle a invité chacun à une simulation de ce que serait ce lieu sans liberté d’expression. Un lieu où l’on n’aurait pas le droit de s’informer, de se cultiver ou de se divertir. «C’est un vrai choc visuel pour les usagers, et cela n’a laissé personne indifférent, explique Mélanie Villenet Hamel, directrice départementale des médiathèques de l’Hérault. Cela nous a permis d’engager un dialogue avec eux, d’expliquer que la liberté d’expression est un bien précieux, et que tout le monde doit se mobiliser pour ça.»

Pour Philippe, bibliothécaire, «on ne se rend jamais compte de notre chance quand on est en bonne santé. Avec cet événement, on a voulu imaginer une médiathèque malade.»

Là où, d’ordinaire, une centaine de journaux et de magazines sont en accès libre, les rayons sont désespérément vides. Et si les adultes se disent tous «choqués» ou «concernés», les plus jeunes ressentent aussi une certaine frustration. «Ça fait bizarre de voir une médiathèque sans livres, sans films, et jeux. Il n’y a rien du tout, alors on s’ennuie. Moi, je ne pourrais vivre dans un monde comme ça», confie Justine. «Moi, je n’aime pas que l’on décide à ma place, explique Ilham, 10 ans. J’aime avoir du choix. J’étais très surprise.» Pour un étudiant, qui vient d’habitude lire la presse à Pierresvives, «c’est très choquant d’imaginer un monde sans journaux. Quand je me suis retrouvé face à ce rayon vide, qui est très coloré d’habitude, j’ai eu une vraie prise de conscience.»

Demain jeudi la médiathèque Pierresvives retrouvera l’intégralité de ses documents, au lendemain d’une journée un peu particulière, qui aura marqué les consciences.


https://www.bibliofrance.org/images/stories/88x31.pngDurel Eric pour Bibliofrance.org


Source :  Pierresvives

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