The Future Library – en français La Bibliothèque du futur et en norvégien Framtidsbiblioteket – est un projet imaginé par Katie Paterson, une artiste écossaise, originaire de Glasgow. Lancé en 2014, elle décrit ce projet comme « une œuvre d’art vivante, organique, qui respire et se déploie sur plus de cent ans ».
C’est au printemps 2014, que Katie Paterson obtient l’autorisation de planter 1 000 arbres en périphérie d’Oslo pour fournir la matière première des livres. Elle prévoit de recueillir un nouveau manuscrit chaque année jusqu’en 2114. Chacun d’entre eux sera conservé et gardé secret dans une bibliothèque d’Oslo. Cent ans après le lancement de Future Library, en 2114, les arbres seront abattus et les manuscrits imprimés pour la première fois.
C’est le 12 juin 2022 à Oslo, que la Future Library, a été, pour la première fois, ouvert au public. Après huit ans, les huit manuscrits rédigés par certains des auteurs vivants les plus renommés au niveau mondial ont pu entrer dans la « La salle silencieuse », installée dans la Bibliothèque Deichman inaugurée en 2020, où ils resteront pendant les 92 prochaines années. Les manuscrits sont placés dans une pièce spéciale, qui accueille aussi une presse à imprimer ainsi que du bois provenant des arbres plantés pour être certains que les livres pourront être imprimés en 2114. Le nom des auteurs participants au projet sont également inscrits sur les murs de la pièce.
Pour l’artiste : La technologie et la matière d’impression des livres pourraient être radicalement différentes dans 100 ans.
Chaque année, un comité sélectionne un écrivain sur la base de « contributions exceptionnelles à la littérature ou à la poésie, et pour la capacité de son travail à capter l’imagination de cette génération et des générations futures ». Les auteurs ne reçoivent aucune directive précise. Selon Katie Paterson, ce processus de publication retardé peut être une source d’inspiration et une liberté de création unique en déclarant « Peut-être que cela donne la liberté de parler à un lecteur que vous ne connaîtrez jamais ».
La première romancière à contribuer au projet a été la canadienne Margaret Atwood (La Servante écarlate)
On ignore tout du contenu mais quelques titres ont filtré : Lune du scribouillard, Livre aveugle, De moi coule ce que tu appelles le temps, Le dernier tabou, Narini et son âne, Cher fils, mon bien-aimé…
Afin d’accueillir les précieux manuscrits, la Bibliothèque du futur dispose d’un local spécialement aménagé. Une fondation nommée The Future Library Trust a été créée en 2014 pour pérenniser le projet. Elle bénéficie du soutien de la municipalité d’Oslo mais surtout de la société Bjørvika Utvikling qui, en charge du réaménagement de l’ancien quartier portuaire du même nom, était à la recherche d’un projet artistique d’envergure. Un espace dédié a pu lui être réservé au dernier étage de la future grande bibliothèque publique municipale, la Deichmann Bjørvika Hovedbiblioteket, un bâtiment à l’étonnante architecture. Surnommée la Silent Room, cette salle, tapissée de 16 000 planches de placage de bois issu des arbres abattus pour faire place au millier d’épicéas, nous évoque « un mausolée de science-fiction, une grotte mystérieuse, mais aussi un temple futuriste«
Avec sa bibliothèque du futur, cette artiste nous propose de changer complètement l’échelle temporelle de l’édition et se questionne aussi sur notre planète pour se pencher sur l’humanité contemporaine et son devenir. C’est en ces termes qu’elle décrit le “déclic” qui a été à l’origine de cette belle idée : “Je dessinais les cercles de croissance d’un arbre et cela m’a fait penser aux chapitres d’un livre, se remémore l’artiste écossaise. J’ai fait le lien entre les feuilles des arbres et les feuilles des romans.” Une image représentant une coupe de tronc avec ses anneaux a d’ailleurs été choisie comme logo.