Une initiative étonnante que celle du Conseil départemental du Val d’oise. Partant qu postulat réel que « les budgets aux politiques publiques sont remis en question d’où un développement de l’évaluation », une étude s’intéresse aux impacts de la bibliothèque du point de vue de l’activité économique, de l’inclusion sociale, du développement éducatif et culturel. Cette étude d’impact, dénommée » La bibliothèque vaut-elle le coût ? « sera présentée lors d’une une journée de restitution organisée le 16 mars 2017 au Conseil départemental. Convaincu que la bibliothèque est un outil du lien social et un atout pour la collectivité, le Conseil départemental du Val d’Oise a choisi d’approfondir la question de manière concrète : à quoi sert la bibliothèque construite sur le territoire ? Quelle est la plus-value de cet investissement ? Qu’est-ce que la bibliothèque apporte aux habitants et au territoire ? Est-ce que la bibliothèque vaut le « coût » au regard des investissements consentis ? A-t-elle un impact sur la qualité de vie des habitants sur le territoire ? Et si oui, lesquels ? Autant de questions auxquelles cette étude tente d’apporter des éléments de réponse.
Cette démarche, si elle n’est pas inédite comme l’attestent bon nombre d’exemples européens ou internationaux, n’en est pas moins nouvelle en France : c’est la première fois qu’à l’échelle d’un département, on propose de mesurer les impacts de la bibliothèque dans ces différents champs. L’étude valdoisienne a donc valeur d’expérimentation, et pourra ainsi servir de point de départ à d’autres chantiers d’évaluation, nourrir des approfondissements constructifs et plus thématiques.
Poser la question du coût de la bibliothèque au regard de ses résultats ne coule pas de source et peut susciter de l’inquiétude : la bibliothèque est un service public et, à ce titre, n’a pas vocation à être économiquement rentable. Il n’est pas question ici de remettre en cause cette évidence, mais plutôt de tenter de mesurer les effets positifs que génère cet équipement de proximité.
Le questionnement autour des services publics n’est pas purement hexagonal bien au contraire. De nombreux pays européens se sont interrogés sur la pertinence de leurs services publics et notamment sur la lecture publique. Le nombre de bibliothèques en Grande-Bretagne a, par exemple, diminué de plus de 8% depuis 20101. En 2013, le Danemark et les Pays-Bas ont commandé des études afin d’objectiver les externalités positives suscitées par la présence d’une bibliothèque sur le territoire. Dans cette même veine, l’Espagne a également mené une enquête en 2015. L’Association FESABID, équivalent ibérique de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF), a conduit une étude d’impact des bibliothèques espagnoles. Les conclusions de cette étude sont sans équivoque : pour un euro investi, une bibliothèque offre un retour sur investissement qui se chiffre entre 2.80 et 3.83 euros selon la méthode utilisée2. Cet impressionnant résultat a suscité de vives réactions. Le Groupe AFNOR travaille à la mise au point d’une norme sur l’évaluation de l’impact des bibliothèques, reprenant les cadres méthodologiques utilisés par l’enquête FESABID et encourageant les bibliothèques à se saisir de cette question3. L’Association des Bibliothécaires de France (ABF), soutenue par le Ministère de la Culture et de la Communication, s’est saisie de la question et élabore actuellement les cadres d’une enquête nationale sur la question.Pour le conseil départmental, elle à cependant déjà donné de nombreux résultats, dont certains (sic) plus inattendus que d’autres, comme celui de l’impact de la fréquentation de la bibliothèque. Ce rapport vise à être un véritable outil d’aide à la décision pour les professionnels, bénévoles, usagers ou instances décisionnaires.. Il est conçu autour des 4 thématiques de ces impacts (économiques, culturels, sociaux et éducatifs).
Cette étude a donc pour objectifs :
• D’éclairer les décisions des élus et leurs arbitrages ;
• De renouveler l’évaluation des bibliothèques en proposant une approche qui prenne en compte aussi les aspects économiques, sociaux, culturels et éducatifs ;
• D’identifier les axes et missions qui ont un impact fort sur les populations (en sachant précisément pourquoi les gens fréquentent la bibliothèque, ce qu’ils viennent chercher à la bibliothèque) et sur les territoires pour les mettre au coeur des projets locaux de lecture publique.
Bibliofrance.org
Source : Val d’OIse