Les littératures de l’imaginaire ont un outil rare : un Observatoire ! Pour savoir comment la science fiction et la fantasy (et tous les autres genres) ont évolué en littérature ces cinq dernières années, découvrez le rapport de l’Observatoire de l’imaginaire, ses chiffres et son travail.
Début novembre avait lieu la cession de l’Observatoire de l’imaginaire aux Utopiales, l’occasion de revenir en chiffres sur cinq ans (et un peu plus) des littératures de genre puisque cette organisation informelle est née en 2018 suite aux Etats Généraux de l’imaginaire.
Premier chiffre, c’est la progression du chiffre d’affaire des littératures de l’imaginaire selon l’outil statistique GFK qui est la référence dans le monde de l’édition. Globalement, entre 2018 et 2022, l’imaginaire est passé d’un CA de 48 millions d’euros à 60 millions d’euros. C’est 23.5% en cinq ans, même si 2022 a été en recul par rapport à 2021.
Une fois ce constat posé, plusieurs éléments sont à noter :
– Le top 10 des meilleurs ventes pèse de plus en plus, jusqu’à 17 % en 2021
– Le fonds pèse 51 %, les nouveautés 49 %
– Le poche représente 70% des volumes vendus pour 47% du CA
– La SF a dépassé la fantasy en 2021, la fantasy est repassée devant en 2022.
En terme de production, on est passé de 800-900 nouveautés en 2000 à quasiment 1400 en 2022. On a un peu plus de 50% d’inédits, avec plus de 80% de romans (et de novellas), 80% de grands formats (seulement 20% de poche) et un nombre d’auteurs et d’autrices francophones autour des 50%. On traduit donc encore beaucoup…
Dans tous ces chiffres, à noter que le nombre de titres d’imaginaire chez les éditeurs généralistes n’est plus que de 20% (ils étaient à 30% en 2018), et que les titres jeunesses pris en compte sont autour des 20-30% (et que c’est stable).
L’observatoire nous enseigne également que les autrices sont désormais majoritaires. En 2022, 53% des livres dans nos genres sont écrits par des femmes (contre 40% en 2017). Elles écrivent plutôt en fantasy et en fantastique. Les traductrices sont également désormais plus nombreuses 55%) et les illustrateurs et illustratrices sont à la parité. A noter tout de même que sur le panel des salons étudiés depuis deux ans, il y a plus d’auteurs que d’autrices parmi les invités. Côté prix, en 2023, ce sont les auteurs qui ont été les plus primés.
L’observatoire fait également un gros boulot sur les médias généralistes pour compter comment ils parlent d’imaginaire. Et ce n’est pas brillant. Globalement, 4% des articles sont consacrés à la science fiction, fantasy etc. Avec une prime à la SF (45% des articles) contre 16% à la fantasy. Et 59% des articles parlent de livres issus d’éditeurs généralistes. Et en général écrits par des auteurs (64%).
Enfin, parmi les infos sur ces dernières années, à noter que huit festivals ont vu le jour (pour une disparition), une vingtaine d’éditeur, et neuf collections. Une quinzaine d’éditeurs ont eux disparu, ainsi que trois collections.
En résumé, le paysage de l’imaginaire a bien changé en cinq ans. Le plus spectaculaire, c’est un chiffre d’affaire en hausse, avec plus de parutions et plus d’éditeurs et de salons. La Fantasy et la Science fiction se tirent la bourre sur les ventes, mais la presse généraliste, quand elle parle d’imaginaire (et elle en parle peu), préfère largement la SF et les éditeurs non spécialisés. Enfin, la parité est là côté parutions, mais pas encore tout à faire côté prix et invitations en festivals. A noter aussi des éléments très spécifiques à notre monde comme la forte prédominance des ventes en poche par rapport au grand format. Trois livres vendus sur quatre le sont en format poche.
Il y a de nombreux champs à explorer encore et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Si vous vous sentez l’envie d’apporter vos compétences et votre force de travail, rendez-vous sur la page Facebook de l’observatoire. C’est du bénévolat, mais cela sert à tout le monde.
