Le budget de la Culture, présenté dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015, s’inscrit sur fond de réforme territoriale et de révolution numérique. En progression de 0,3 %, le projet de loi de finances pour 2015 traduit une inflexion significative par rapport aux efforts consentis sur la période 2012-2014. Dans un contexte qui rend plus que jamais prioritaires les objectifs de maîtrise de la dépense publique, cette inflexion traduit la volonté du Gouvernement de réaffirmer clairement le rôle que joue la culture dans toutes ses dimensions. Un budget 2015 qui répond à la volonté de Fleur Pellerin, exprimée encore le 24 septembre dernier, de « sortir des discours déclinistes et d’impulser un esprit de conquête ». Tour d’horizon des chiffres qui concernent les collectivités locales : archives, bibliothèques et lecture publique, soutien à la chaîne du livre …
Archives : 7 millions d’euros sur 3 ans pour le programme Vitam
Après l’ouverture au public du nouveau site pour les Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine en 2013, la politique d’accessibilité des archives à tous les publics « se poursuit en favorisant l’ancrage sur le territoire et les projets innovants », assure le ministère, annonçant un « soutien consolidé en faveur du rééquilibrage territorial au profit des archives départementales, régionales et communales ».
Le budget 2015 permettra ainsi le soutien aux centres d’archives, avec 1 million d’euros pour la poursuite des projets de conservation, de restauration et de valorisation du patrimoine archivistique, avec 5 millions d’euros pour le développement et réhabilitation du parc des bâtiments, avec 4,4 millions d’euros sur 3 ans pour lancer le chantier de rénovation des Archives nationales du monde du travail (ANMT) à Roubaix…
Dans le cadre de la poursuite des grands projets structurants en réponse à la mutation numérique, le budget 2015 prévoit 7 millions d’euros sur la période 2015-2017 de financement pour la part prise en charge par le ministère du programme Vitam qui vise à faire face au risque de pertes avérées de notre patrimoine collectif numérique (photographies, état civil etc.) Ces crédits couvriront deux projets : Adamant pour les archives nationales (plateforme d’archivage numérique basée sur le logiciel Vitam) et le projet AD-Essor pour les collectivités, visant à stimuler et encourager le développement de plateformes d’archivage numérique mutualisées compatibles avec le logiciel Vitam.
Lancement de la « bibliothèque numérique d’excellence »
Dans le domaine de la lecture publique, le ministère dit vouloir « travailler avec toutes les collectivités » à l’évolution de l’ensemble du réseau, de la bibliothèque de proximité à la grande médiathèque, « pour que ces lieux restent des espaces de connaissance, de rencontre et d’ouverture sur le monde ». Dans son esprit, « lieux d’accès à la lecture et aux ressources culturelles, les bibliothèques d’aujourd’hui sont aussi parfaitement positionnées pour devenir les lieux de médiation de proximité à l’ère numérique ».
Le projet majeur de rénovation et de transformation de la Bibliothèque publique d’information (BPI) sera ainsi lancé. Destiné à améliorer la qualité de service rendu aux lecteurs (10 millions d’euros d’autorisations d’engagement ouverts en 2015), il est élaboré en lien avec le Centre Pompidou. « Le projet de rénovation de la BPI renforcera son attractivité, accroîtra sa visibilité au sein du Centre Georges Pompidou, et lui permettra de s’affirmer aussi comme une bibliothèque numérique d’excellence, capable de fédérer les dynamiques en région des bibliothèques de collectivités territoriales », espère le ministère.
Les crédits d’intervention mobilisés à l’appui de la politique du livre au niveau déconcentré sont maintenus en 2015 à leur niveau de 2014, soit 10,2 millions d’euros. Le ministère privilégie en la matière la conclusion de partenariats structurants entre l’Etat, les collectivités territoriales et les associations de développement de la lecture. Ainsi, 73 « contrats territoires lecture » ont été conclus à ce jour, pour une durée moyenne de 3 ans, avec pour objectif de garantir la qualité et la cohérence du développement de la lecture publique, en particulier dans les territoires où l’offre de lecture est la plus réduite.
Poursuite des « contrats numériques »
Par ailleurs, les effets de la réforme du concours particulier des bibliothèques de la dotation générale de décentralisation (DGD), conduite depuis 2010 (décret n°2010-767 du 7 juillet 2010 et décret n°2012-717 du 7 mai 2012), devraient se confirmer en 2015 sur deux aspects : le développement du numérique dans les bibliothèques, en particulier dans le cadre de « contrats numériques » conclus avec les collectivités territoriales, et fondés sur les services aux usagers utilisant les outils numériques et sur des collections numériques ; le renforcement du soutien aux investissements en faveur de l’accessibilité des équipements et des services aux personnes en situation de handicap.
Si ces crédits sont inscrits au budget du ministère de l’Intérieur, l’instruction des dossiers est conduite par les services déconcentrés du ministère de la Culture, en lien avec les préfectures. En 2015, les crédits de la DGD devraient se monter à 80,4 millions d’euros.
En complément, le Centre national du livre (CNL), devrait renforcer sa politique territoriale. Dans ce cadre il a initié en 2014 un dispositif contractuel spécifique entre l’Etat (Drac et CNL) et les conseils régionaux dont l’objectif est le soutien aux acteurs de la chaîne du livre. Les parties interviennent à parité selon le principe du 1euro pour 1 euro. Fin 2014, trois conventions devraient avoir été signées entre le CNL, la Drac et les régions Aquitaine, Bretagne et région Centre. Pour 2015, sont en préparation des conventions territoriales avec les régions Haute-Normandie, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Nord-Pas de Calais.
Durel Eric pour Bibliofrance.org
Source : MCC
Répartition des crédits
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- Projet de loi de finances 2015 ( pdf, 4828 Ko )