Les Archives du Père Castor rentre à l’UNESCO

Les archives du Père Castor, la célèbre collection d’albums destinée aux enfants dans laquelle ont été publiés « Marlaguette », « Le Cheval bleu », « La Petite Poule rousse », « Roule Galette » ou encore « Boucle d’or », tous publiés chez Flammarion, viennent d’intégrer le registre Mémoire du monde de l’Unesco. Excellente nouvelle pour l’édition jeunesse, confirmée ce mercredi par l’agence de l’Onu qui gère ce programme recensant les trésors documentaires du monde entier. Ainsi, aux côtés du texte de l’Appel du 18 juin, des films des frères Lumière, de la tapisserie de Bayeux ou encore de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, l’on trouvera maintenant ces albums, qui sont maintenant tous des classiques. Les archives du Père Castor, complètes et remarquablement conservées, constituent une mémoire exemplaire et rare de la révolution de la pédagogie au XXe siècle.

UN PEU D’HISTOIRE

Le fondateur de la collection est Paul Faucher (1898-1967), pionnier de l’Éducation nouvelle, qui avait en 1927, lancé la collection Éducation chez le même éditeur. C’était un passionné des thèses de la pédagogue tchèque Lida Durdikova, qui deviendra sa femme en 1933.  Rompant avec la conception traditionnelle de l’album artistique cartonné, conçu comme un cadeau d’étrennes où l’art ne s’émancipe pas du luxe, Faucher destine sa collection à tous les enfants, si bien qu’il est rapidement soutenu par l’institution scolaire. Ses albums sur papier ont une couverture souple et des pages agrafées qui désacralisent l’objet livre. Ils ont des formats variés selon leurs objectifs littéraires et graphiques. Faucher fait appel à des illustrateurs de grand talent, dont certains sont situés dans la mouvance des avant-gardes russes : Hélène Guertik, Feodor Rojankovsky, Alexandra Exter, Nathalie Parain, G. Tcherkessof, N. Altman et Ivan Bilibine.

UNE RECONNAISSANCE EXCEPTIONNELLE

Anne-Catherine Faucher, petite-fille de Paul Faucher et elle-même éditrice, a évoqué une reconnaissance « énorme et assez incroyable ». La collection du Père Castor va ainsi rejoindre des pétroglyphes, des cartes géographiques et même la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Ce fonds, constitué de documents de formes et supports très variés (notes, correspondances, illustrations,imprimés, enregistrements, photographies, dessins…) regroupe des matériaux de réflexion pédagogique qui ont abouti progressivement à la création concertée, collaborative, mais fortement structurée et réfléchie, de ce que l’on connaît mieux sous le nom d’« albums du Père Castor ».

Ces livres de jeunesse auxquels créateurs,russes, allemands, polonais, tchèques, hollandais, suédois, belges et français ont collaboré, sont aujourd’hui considérés comme des classiques de la littérature enfantine, traduits dans un grand nombre de langues. Ils ont rendu, avec les jeux éducatifs conçus par l’Atelier du Père Castor, efficients et accessibles au plus grand nombre, les acquis théoriques des pédagogues du mouvement de l’Éducation nouvelle.

Pour Emilie-Anne Dufour, directrice de la médiathèque intercommunale de Meuzac,  où se trouvent les archives« Paul Faucher est, dans le milieu jeunesse, considéré comme le créateur de l’album moderne. » « Avant, les albums pour enfants présentaient de manière très austère une gravure sur une page, beaucoup de texte sur l’autre. En France, Paul Faucher a imposé de manière radicale des textes et des images se complétant sur la même page. Son but était de créer des livres lisibles par les enfants, et non des livres destinés à être lus par les adultes aux enfants. C’était révolutionnaire. L’enfant était au centre de ses préoccupations. Ce sont des classiques. Ils se transmettent de génération en génération. »

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